Les 4 Royaumes
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Chroniques numero 12 : la fievre du sang Empty Chroniques numero 12 : la fievre du sang

Jeu 27 Fév - 13:16
Le malheur est divers. La misère sur terre est multiforme. Dominant le vaste horizon comme l’arc-en-ciel, ses couleurs sont aussi variées, — aussi distinctes, et toutefois aussi intimement fondues. Dominant le vaste horizon comme l’arc-en-ciel !

Vrai ! — je suis très nerveux, épouvantablement nerveux, je l’ai toujours été ; mais pourquoi prétendez-vous que je suis fou ? La maladie a aiguisé mes sens, — elle ne les a pas détruits, — elle ne les a pas émoussés. Plus que tous les autres, j’avais le sens de l’ouïe très fin. J’ai entendu toutes choses du ciel et de la terre. J’ai entendu bien des choses de l’enfer. Comment donc suis-je fou ?

Vous me croyez fou. Les fous ne savent rien de rien. Mais si vous m’aviez vu ! Si vous aviez vu avec quelle sagesse je procédai ! — avec quelle précaution, — avec quelle prévoyance, — avec quelle dissimulation je me mis à l’œuvre !

Mais voilà que j’entendis un faible gémissement, et je reconnus que c’était le gémissement d’une terreur mortelle. Ce n’était pas un gémissement de douleur ou de chagrin ; — oh ! non, — c’était le bruit sourd et étouffé qui s’élève du fond d’une âme surchargée d’effroi. Je connaissais bien ce bruit. Bien des nuits, à minuit juste, pendant que le monde entier dormait, il avait jailli de mon propre sein, creusant avec son terrible écho les terreurs qui me travaillaient

Tout a été vain, parce que la Mort qui s’approchait avait passé devant lui avec sa grande ombre noire, et qu’elle avait ainsi enveloppé sa victime. Et c’était l’influence funèbre de l’ombre inaperçue qui lui faisait sentir, — quoiqu’il ne vît et n’entendît rien,

Il y a des secrets qui ne veulent pas être dits. Des hommes meurent la nuit dans leurs lits, tordant les mains des spectres qui les confessent et les regardant pitoyablement dans les yeux ; — des hommes meurent avec le désespoir dans le cœur et des convulsions dans le gosier à cause de l’horreur des mystères qui ne veulent pas être révélés. Quelquefois, hélas ! la conscience humaine supporte un fardeau d’une si lourde horreur, qu’elle ne peut s’en décharger que dans le tombeau.

Jusqu’alors, je n’avais jamais rien vu qui ressemblât à cette expression, même à un degré très éloigné. Je me rappelle bien que ma première pensée, en le voyant, fut que s’il l’avait contemplé, l’aurait grandement préféré aux figures dans lesquelles il a essayé d’incarner le démon.

Comme je tâchais, durant le court instant de mon premier coup d’œil, de former une analyse quelconque du sentiment général qui m’était communiqué, je sentis s’élever confusément et paradoxalement dans mon esprit les idées de vaste intelligence, de circonspection, de lésinerie, de cupidité, de sang-froid, de méchanceté, de soif sanguinaire, de triomphe, d’allégresse, d’excessive terreur, d’intense et suprême désespoir

j’avais encore dans le sang une vieille fièvre aux aguets, pour qui l’humidité était une dangereuse volupté. Je nouai un mouchoir autour de ma bouche, et je tins bon.
Un de ses yeux ressemblait à celui d’un vautour, — un œil bleu pâle, avec une taie dessus. Chaque fois que cet œil tombait sur moi, mon sang se glaçait ; et ainsi, lentement, — par degrés, je m'approchai...
Et je le vis....
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